Qu’est-ce que le journalisme gonzo? La réponse de Kit O’Connell
Le journalisme gonzo est le journalisme qui rejette l’idée de neutralité et d’objectivité. Je me considère d’abord comme un militant et comme un journaliste en second lieu, même si c’est le journalisme qui paie mes factures et me permet de continuer à militer. Pour moi, le journalisme est un moyen de révéler des vérités importantes et d’essayer de partager les connaissances dont nous avons besoin pour bâtir un monde meilleur et plus humain.
J’ai récemment lancé une liste de diffusion, “Gonzo Notes”, à laquelle on peut s’abonner gratuitement (kitoconnell.com/mailinglist) et je viens de lancer un compte Patreon (patreon.com/kitoconnell). Je ne vais plus avoir d’emploi à temps plein à partir de janvier, donc je suis vraiment dépendant du soutien de mes lecteurs pour mon travail. J’espère publier autant d’écrits que possible sous une licence Creative Commons, afin qu’ils puissent être librement partagés et republiés.
Le journalisme gonzo est en soi une forme de journalisme alternatif. Je pense qu’une des raisons pour lesquelles les gens cherchent des solutions de rechange aux médias dominants est qu’ils veulent connaître les infos de manière plus immédiate, partager l’expérience de gens ordinaires comme eux. Il y a une clarté et une distance que les journalistes traditionnels maintiennent, et je pense que cela a de la valeur, mais beaucoup de lecteurs veulent aussi l’immédiateté du journalisme gonzo.
Les protestations en sont un parfait exemple. Les infos à la télé ici aux USA soit ignorent la protestation populaire ou décrivent les manifestants comme inefficaces, bordéliques, et même comme plutôt dangereux que de montrer leur énergie. Un journaliste gonzo peut transmettre l’expérience d’être à l’intérieur d’une protestation, et aider les lecteurs à comprendre ce qui provoque un soulèvement.
En tant que journaliste gonzo, je pose mes partis pris sur la table. Je dis généralement que je prends parti pour les droits humains et l’égalité. J’espère que mes lecteurs savent que je mettrai toujours les gens en premier, même quand c’est gênant pour un politicien ou une entreprise. Surtout quand c’est incommode pour un politicien ou une entreprise.
Et bien sûr, d’une certaine manière, les téléphones intelligents font de tous ceux qui peuvent s’en payer un des journalistes citoyens. Si quelqu’un est témoin d’un événement notable, il n’a qu’à le diffuser en streaming ou via Twitter. Certains journalistes pourraient voir cela comme une menace, mais j’y vois un potentiel incroyablement libérateur pour l’humanité. C’est aussi une énorme responsabilité à laquelle nous ne sommes peut-être pas tout à fait prêts, en tant qu’espèce.
“Il y a beaucoup de façons de pratiquer l’art du journalisme, et l’une d’elles est d’utiliser votre art comme un marteau pour détruire les bonnes personnes – qui sont presque toujours vos ennemis, pour une raison ou une autre, et qui méritent habituellement d’être dégommées, parce qu’elles ont tort. C’est une notion dangereuse, et très peu de journalistes professionnels l’approuvent – la qualifiant de «vindicative», de «primitive» et de «perverse», indépendamment du fait qu’ils la pratiquement eux-mêmes plus d’une fois. «Ce genre de trucs, c’est des opinions», disent-ils, «et le lecteur est roulé si ça n’est pas étiqueté comme opinion». Eh bien, peut-être. Peut-être que Tom Paine a roulé ses lecteurs et que Mark Twain était un arnaqueur retors sans aucune morale qui a utilisé le journalisme à mauvais escient. Et peut-être que HL Mencken aurait dû être enfermé pour avoir essayé de faire passer ses opinions pour du «journalisme objectif» normal. Mencken avait compris que la politique – telle qu’elle est utilisée dans le journalisme – était l’art de contrôler son environnement, et il ne s’en excusait pas. Dans mon cas, en utilisant ce qu’on pourrait poliment appeler du «journalisme de plaidoyer», j’ai utilisé le reportage comme une arme pour affecter les situations politiques qui pèsent sur mon environnement.ˮ
https://promosaik.blogspot.it/2016/12/quest-ce-que-le-journalisme-gonzo-la.html