Notre Entretien avec Perrine Olff-Rastegar, Porte-parole du Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine- Strasbourg
Bonsoir de la rédaction de ProMosaik e.V.,
Ce soir, on voudrait vous présenter un entretien très informatif et très intéressant sur les efforts du Collectif Judéo -Arabe et Citoyen pour la Palestine de Strasbourg.
Je viens de parler à une femme très courageuse et engagée pour les droits de l’homme des palestiniens, et membre du Collectif, Madame Perrine Olff-Rastegar.
Pour la voir live :
Pour aider la Palestine il faut commencer par informer directement les gens pour leur faire comprendre la situation de la Palestine, déformée par la propagande inspirée par Israël. Une des principales armes pacifique que nous avons est de boycotter les produits israéliens car le boycott est le moyen pacifique le plus efficace contre le sionisme qui, pour Madame Olff-Rastegar – et on est d’accord avec elle – est l’affirmation d’un nationalisme raciste et colonialiste en opposition totale avec le judaïsme, ses valeurs éthiques et humanistes et les droits de l’homme pour l’égalité et la justice en général.
Merci pour votre attention
Salutations amicales
Dr. phil. Milena Rampoldi – ProMosaik e.V.
Dr. Phil. Milena Rampoldi: Comment peut-on collaborer en Europe pour faire comprendre le problème palestinien ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : Tout d’abord je voudrais vous remercier chaleureusement pour le travail d’information que vous faites : il est très précieux et je vais essayer de répondre à vos questions ! Au Collectif Judéo -Arabe et Citoyen pour la Palestine de Strasbourg nous collaborons avec les mouvements européens et internationaux comme par exemple et en particulier dans le cadre du mouvement de Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) : Boycott des entreprises israéliennes, des événements sportifs et culturels organisés par l’Etat d’Israël ou ses institutions, Désinvestissement des entreprises qui participent à l’occupation et à la colonisation de la Palestine et Sanctions, comme l’embargo militaire ou la suspensions de la coopération europe-israël jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international . BDS c’est la réponse citoyenne et non violente à l’impunité d’Israël !
Le BDS pour moi représente un moyen très important pour multiplier les actions sur des cibles communes. Même si il y a des différences entres les pays, on peut quand-même travailler en direction d’ entreprises israéliennes communes que l’on peut appeler à boycotter.
On peut encore organiser des conférences internationales, mais quelque fois je doute de l’efficacité réelle de ce genre de conférences.
Cette année nous avons eu beaucoup de succès, avec le premier festival du film palestinien à Strasbourg. Et ce fut un beau succès, avec 800 entrées pour ces films, avec leurs réalisateurs :
1) A Strasbourg, Cinéma Star St-Exupéry, 18 rue du 22 Novembre
– mardi 7 avril à 20h Palestine stereo
Soirée d’ouverture en présence du réalisateur Rashid Masharawi
2) A Strasbourg, Cinéma Star, 27 rue du Jeu des Enfants
– mercredi 8 avril – à 18h Ismaïl (CM) + The road to Silverstone
– à 20 h Route 60 en présence du réalisateur Alaa Ashkar
– jeudi 9 avril – à 18h When I saw you
– à 20h Les Chebabs de Yarmouk, en présence du réalisateur
Axel Salvatori-Sinz
– vendredi 10 avril – à 18h The wanted 18
– à 20h Flying paper en présence de la coproductrice Anne Paq
3) A Sélestat, Cinéma Le Sélect, 48 rue du Président Poincaré
– mardi 7 avril à 20h15 Route 60 en présence du réalisateur Alaa Ashkar
4) A Erstein, Erstein Cinéma, Rue Jean Philippe Bapst
– jeudi 9 avril à 20h The Wanted 18
Dr. Phil. Milena Rampoldi : Le Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine de Strasbourg promeut en France et notamment en Alsace un travail d’information, de dialogue et d’échanges. Qu’est-ce que cela signifie en concret pour vous ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : Il y a différents moyens d’informer sur la Palestine, et de travailler pour les droits de l’homme et pour la paix. Nous avons un groupe de Femmes en noir qui distribue des tracts et fait une information importante au centre ville de Strasbourg, 2 fois par mois, depuis 11 ans ! Comme les Mères de la place de Mai en Argentine (1977) et les Black Sash d’Afrique du Sud (1970) qui les ont inspirées, le mouvement des « Femmes en Noir » a été initié en 1988 par des israéliennes qui refusent la politique d’occupation des territoires palestiniens par l’Etat d’Israël et manifestent toutes les semaines, silencieuses vêtues de noir. Nous protestons contre la colonisation de la Palestine, contre le blocus de Gaza, contre la judéisation de Jérusalem-est, contre le mur d’apartheid, contre les arrestations, emprisonnements et tortures de Palestiniens, contre l’apartheid mené par le régime israélien etc. Nous faisons aussi signer des pétitions. Nous sommes bien connues maintenant et ça aide beaucoup pour communiquer nos idées, pour faire connaitre nos actions, et pour expliquer aux gens la situation, et puis leurs dire aussi ce qu’ils peuvent faire pour nous aider. Je trouve que le mouvement de BDS est le moyen pacifique le plus efficace pour lutter contre l’apartheid et le racisme en Israël, comme ce fut le cas en Afrique du Sud du temps de l’apartheid ! Nous organisons aussi des soirées d’information sur la situation en Palestine. Nous menons des actions devant les magasins pour expliquer aux acheteurs qu’il faut boycotter tous les produits israéliens, car Israël est un pays d’apartheid. C’est un bon moyen de pression qui inquiète Israël car il se développe largement dans beaucoup de pays aujourd’hui ! Israël essaie de l’empêcher en faisant voter des lois anti-boycott : c’est effectif aujourd’hui en Israël et en France, les sionistes essayent aussi de les faire voter !
Un problème grave reste le problème des armes. Comment boycotter les armes (les entreprises israéliennes comme Elbit, IMI, Rafael, etc.) ?
Il faut parler aussi des morts en Méditerranée. Les migrants sont des personnes qui fuient la guerre, les massacres et la misère et parmi eux il y a des Palestiniens également. Il faut boycotter la société britannique G4S qui fabrique et vend du matériel de sécurité pour les prisons et les check points israéliens. Il faut dire que l’Occident est responsable des immigrés morts en Méditerranée. Le mouvement de BDS cible les entreprises israéliennes pour lesquelles le boycott sera plus efficace. Le mouvement de BDS a été lancé en juillet 2005 par la société civile palestinienne.
Voici les principales marques que nous boycottons
- les fruits et légumes MEHADRIN (dont JAFFA, CARMEL, TOP, KEDEM…).
- les dattes israéliennes (attention aux usurpations de provenance).
- les lingettes israéliennes
- les produits SODASTREAM (gazéificateurs…).
- les produits de beauté AHAVA.
- les articles ménagers et de jardinage en plastique KETER
- les médicaments génériques TEVA
- l’épilateur EPILADY
- NETAFIM et ELGO, produits d’arrosage
- …et tous les produits identifiés en provenance d’Israël (dont les codes barres commençant par 729) Mais ce code barre n’est plus la seule preuve de provenance, Israël masquant souvent la provenance des produits par différents moyens.
Dr. Phil. Milena Rampoldi : Comment expliquer l’importance de l’opposition au sionisme ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : Il y avait des façons différentes de comprendre le sionisme. Pour moi le sionisme est aujourd’hui une idéologie nationaliste criminelle, qui au début était très minoritaire parmi les juifs, pour qui la religion et l’appartenance nationale étaient complètement séparées. Après 1945, l’Europe et les Etats-Unis ont bien aimé se débarrasser des juifs survivants et les utiliser pour s’implanter en Orient et favoriser ainsi le mouvement sioniste qui n’aurait pas pu fonder Israël sans leur soutien total. Le sionisme signifie la division raciale, l’expension territoriale et l’apartheid. Et il n’y a pas de paix et de justice possibles avec le racisme et l’apartheid… En militant pour les droits de l’homme et l’égalité entre tous les êtres humains, je ne peux pas accepter le système israélien d’apartheid.
Dr. Phil. Milena Rampoldi : Quels sont les pas les plus importants vers la paix en Moyen Orient ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : Vous me demandez de vous dire les pas vers mon utopie de paix et de justice. En ce moment, pour la Palestine n’y a pas de progrès. Le problème de la Palestine est un problème grave, car il a des répercussions internationales. La situation au Moyen-Orient devient plus compliquée à cause des groupes extrémistes, DAESH etc.. qui sont une construction impérialiste occidentale.
Mais l’espoir est bien vivant: C’est très important. Ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui nous donnent d’abord de l’espoir : A Gaza, ils résistent malgré le blocus israélien terrible qu’ils subissent. A Tel-Aviv, avant-hier, il y a eu un grand rassemblement de milliers de Palestiniens, avec des Bédouins et des Juifs militants anti-colonialistes qui expriment haut et fort leurs revendications contre les démolitions de leurs maisons, pour l’égalité et une vie décente ! Le mouvement israélien contre la colonisation et l’apartheid existe et travaille !
Pour moi, comme j’avais dit avant, le BDS est un élément très important pour arriver à un progrès. Il est le meilleur moyen pacifique. Maintenant la France, Israël et les États Unis essaient de criminaliser le BDS. Ça nous montre qu’il s’agit d’un moyen efficace pour combattre le racisme et l’apartheid en Israël. Ça nous montre le point faible d’Israël sur le niveau économique. Israël vient d’ interdire le boycot .
Dr. Phil. Milena Rampoldi : Comment est-ce qu’on peut vivre l’amitié juive-arabe au-delà du sionisme pour construire la paix ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : En Israël, en Palestine … il y a des mouvements judéo-arabes qui travaillent ensemble contre le racisme et l’apartheid, comme l’AIC de notre ami Michel Warschawski.
Nous, à Strasbourg, on veut rassembler tout le monde autour du droit international et humanitaire pour les peuples afin de vivre ensemble dans l’égalité… sans exploitation ou inégalité…
On fait aussi des interventions dans les écoles pour montrer concrètement aux enfants ce qui se passe actuellement en Palestine. Mais en ce moment c’est plus difficile. Il y a plus de pression je crois après les attentats islamistes de Paris.
Dr. Phil. Milena Rampoldi : Quels sont les objectifs atteints par votre organisation et quels sont les objectifs futurs ?
Madame Perrine Olff-Rastegar : Jusqu’à présent, cette année on a fait le festival des films, qui a eu beaucoup de succès, avec 800 entrées au cinéma… Et on continue avec les Femmes en Noir. En Afrique du Sud, elles étaient très importantes dans la lutte contre l’apartheid.
Un secteur important pour notre activité concerne le développement du BDS. Je voudrais mentionner la campagne de boycott que nous menons, conjointement avec d’autres comités en France contre la vente de produits israéliens par les magasins LIDL, entre autres magasins. Avant d’aller devant le magasin pour distribuer du matériel informatif et expliquer aux gens le sens de notre action, on écrit une lettre au directeur du magasin pour lui expliquer les raisons de notre intervention, la violation du droit international par LIDL : ne soyons pas complices avec les massacres opérés par Israël à Gaza en achetant les produits israéliens !.
L’été dernier nous avons organisé des manifestations, chaque semaine, contre la guerre à Gaza avec d’autres associations, partis, syndicats. Nous avons aussi organisé des marches blanches en hommage aux morts ! C’était impressionnant. Mais j’espère que nous n’aurons plus à en faire et que nous n’assisterons plus à tant de massacres de Palestiniens !
Nous vendons également de l’huile d’olive palestinienne et de l’artisanat magnifique d’Hébron ! De temps en temps, nous organisons une journée Palestine et/ou participons à d’autres fêtes afin de faire connaître la culture et l’art palestiniens. C’est un peuple vivant, qui se bat, qui crée, qui vit et résiste admirablement !
Pour finir, je vous remercie de nous avoir accueillis sur votre blog et je vous salue bien amicalement ainsi que vos lecteurs !
Perrine Olff-Rastegar, Porte-parole du Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine- Strasbourg
http://promosaik.blogspot.com.tr/2015/04/notre-entretien-avec-perrine-olff.html